AU REVOIR,
M. GHILAS
Je ne serai plus jamais un prof
je ne souffrirai plus des fous de la conformité
du moins plus dans ces murs, dans leurs murs,
plus des humiliations dans le bureau de la Principale ou contre le
tableau noir.
Vieilles connasses, jeunes zélés, au revoir.
Au revoir les
petits cons qui s’en branlaient, j’arrivais pas à vous en vouloir
et les fayots au premier rang, j’arrivais pas à vous voir.
et les fayots au premier rang, j’arrivais pas à vous voir.
Je ferme une
dernière porte à clef, nez à nez avec l’emploi du temps
imprimé en
couleurs et scotché par l’adjoint quand l’année était jeune
et rugissait
dans mes oreilles, comme la cloche plusieurs fois par jour
…je traverse
ce couloir une dernière fois.
Par la
fenêtre je regarde les clochers et les toits
puis je vois
les fantômes de l’automne et de l’hiver et le chagrin du printemps
quand la
nature revivait et que moi j’étais rattaché
ici,
les centaines
de fois quand j’ai gravé ces murs violets avec mes yeux :
JE DETESTE CE
BOULOT DE MERDE ET TOUT LE MONDE ICI.
Je regarde
mes jolies chaussures, un peu abîmées,
elles font
danser des confetti sur le carrelage rouge foncé
des petits
morceaux de papiers qu’un gamin à fait
avec le dernier
quizz que j’ai distribué il y a une heure ou deux.
Des confettis
blancs parsemés de lettres noires pour fêter un nouvel été.
Une victoire
pour eux mais aussi pour moi
Mélangée, par
la confusion, aux souvenirs du prix que j’ai dû payer pendant des mois
pour toucher
ma paye
mais maintenant
tout ça, c’est déchiré, prêt à être balayé
comme des
feuilles d’été, tombées ou un papillon de nuit, cramé.
Je suis plus heureux que l’école soit finie à 26 piges
Je suis plus heureux que l’école soit finie à 26 piges
que quand j’en
avais 6 ou 16.
Je traverse la
cour vide, je dis au revoir à la grosse concierge
qui me
trouvait toujours élégant.
Je pousse la
porte en verre et cette petite ville me balance de la liberté droit au visage,
avec des
feuilles mortes dans son vent,
et de la vie,
de la vie qu’il m’appartient de ne jamais laisser s’échapper,
de saisir,
dans le trouble d’un été saoul.
Je vais
prendre un dernier train
dans mon cœur
je sens un pincement que j’aime beaucoup,
je ne me retourne sûrement
pas, non, pas pour vous.
écrit
au et pour le collège Jules Ferry, 21200 Beaune
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I’ll never
be a teacher anymore
I’ll never have to suffer from conformity whores
I’ll never have to suffer from conformity whores
at least
not inside these walls;
from
humiliation by the board, in the Principal’s office.
Goodbye
old hags and young boars,
rowdy kids
who couldn’t care less and the ones in the front row.
I lock a
last door and face the now obsolete schedule taped on it
carefully
printed in color by the assistant when the schoolyear was young
and
screaming in my ears like the bell many times a day
…and i
tread this hall one last time.
I look at rooftops
and steeples through the window
and i see
the ghosts of fall, winter and springtime sorrow
when
nature was blooming and i was alienated,
the
countless times I’ve carved these ugly purple walls with my eyes :
I HATE
THIS JOB AND EVERYONE HERE.
I look at
my nice shoes, kinda beat up now,
they make
confetti dance on the Burgundy tiles,
festive
bits some kid made from a last quizz
I handed
out earlier.
White
confetti with black letters to celebrate a new summer.
A victory
for these kids and a victory for me
fused by
confusion with the reminiscence of a toll i paid for months
to get
paid
but now
torn, ready to be swiped away,
like a dry
summer leaf, a dead moth…
I’m happier that school’s over at 26 than at 6 or 16.
I’m happier that school’s over at 26 than at 6 or 16.
I cross
the empty playground, say good bye to the fat janitor
who always
thought I was elegant.
I push the
glass door and this small city hurls freedom to my face,
with
fallen leaves in its wind,
life for
me to grab and never let go, seize in a drunken haze, in a summer daze.
Headed for
a last train
i feel
something in my heart that I really like and I certainly don’t look back.
written at
and for collège Jules Ferry, 21200 Beaune
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