Wednesday, November 2, 2011

MISERE HUMAINE

Je me suis arrêté pour regarder les gens faire les poubelles.
La grille du Carrefour City s’est ouverte
et une petite dame s’est engouffrée dès que la grille était à sa hauteur.
C’est elle qui a attiré mon attention au départ
quand elle a immédiatement été repoussée par l’employée en gilet bleu
qui traînait la grande poubelle grise à roulette en grimaçant;
_______________________________repoussée comme une mouche
dans le sens où elle est revenue à l’assaut une fois, puis deux,
devant ses deux fils, jusqu’à ce que la poubelle soit dehors.
Ils portaient un jogging bariolé, le genre qui était populaire
au début des années 90 et qu’on trouve chez Emmaüs pour pas cher,
leur mère portait un gilet en laine et un voile sur les cheveux
qui se prolongeait en robe longue et sale,
l’un des deux m’a regardé avec un léger sourire
Et s’est mis à fouiller...
Une baguette de pain, de la laitue, des cartons avec des œufs écrasés dessus.
Pendant que la poubelle révélait et distribuait ses trésors dans l’agitation
des bras et des mains qui pénétraient les couches successives
et la surface noire des sacs poubelles
moi j’étais sur le trottoir d’en face.
Deux ou trois personnes les ont rejoint, un peu en retard au rendez-vous.
Pas des clochards, pas gens sales, pas des « pauvres » ou des « gitans »,
des gens. Des gens qui avaient dû être à ma place il y a quelques temps.

Au bout d’un moment, ils ont commencé à se partager le contenu de la poubelle
et à travailler en équipe. Ils discutaient, l’un deux a ri.

Cette scène m’a rappelé un autocollant que je voyais souvent
sur les poteaux de mon quartier :

Partageons les richesses, pas la misère.
Eux, ils partageaient la misère
en plein milieu de la place, à côté de la Banque de France
et ils n’avaient pas l’air gêné, mal à l’aise ou triste,
ils étaient juste contents de manger.