Tuesday, October 27, 2009

Comment j'ai dit au revoir à mon téléphone portable et la faible valeur sentimentale que je lui associais et lettre ouverte à un yuppie.

Aujourd'hui le destin
ou les lois de la physique s'appliquant à ma poche arrière de jean
ont pris une décision que j'hésitais, lâche que je suis ("Seigneur prend pitié")
à prendre depuis quelque temps :
me débarrasser de mon portable.
J'ai vécu plus de 2 ans sans portable et la liberté que ça procure,
ne plus ressentir le fameux "quand est-ce qu'elle va répondre?",
donner un rendez-vous sans avoir à le reconfirmer 37 fois avant l'heure,
tout cela me manquait.

Alors que je pédalais, mon portable a donc glissé de ma poche arrière,
je ne l'ai pas senti, c'est en entendant le plastique, matière pitoyable,
se disloquer sur le goudron,
sous les yeux de la Renommée de la place de la République (vous aussi vous croyiez que c'était un ange,) que j'ai tourné la tête.

Le caoutchouc de mon pneu glissant, gracieux, en quart d'arc de cercle sur le goudron, je me suis arrêté
et j'ai regardé les trois morceaux de plastique et de composants électronique se faire rouler dessus par une,
_______________________deux,
_______________________trois,
_______________________quatre voitures,
je sourais,
jusqu'à ce qu'un 4x4, véhicule pitoyable, vienne gâcher mon plaisir.
Son conducteur, stéréotype en chemise rose saumon,
la montre aussi brillante que les gentes, a fait un petit écart afin de rouler pile sur ce qui restait de mon téléphone.

Sur le moment mes sentiments étaient très mitigés,
entre énervement et ce qui restait de mes quelque secondes de joies et d'amusement.

Avec le recul et la possibilité de mettre en mots l'exprimable je me rends compte de ce qui a causé cette confusion.

Cet homme, ce qu'il en restait,
ce qui n'a pas été disloqué par la perversion (le péché dirait certains,)
il ne savait pas que je m'en foutais de ce portable,
cet homme,
ce yuppie de merde il pensait me briser le coeur en brisant mon téléphone.
Si seulement il avait su.

Et si je pouvais lui parler, je lui dirai des mots que je n'ai pas écrit :
You are on this unhappy planet,
a carnivor,
a destructor of it*




*Morrissey - Ouija Board, Ouija Board

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