Wednesday, February 29, 2012

WE CAN BE US, JUST FOR ONE DAY
Ses yeux grossis par ses verres de lunettes aux montures transparentes
se plantent dans les miens et de sa voix tremblante il me demande :
« Excuse-moi, c’est toi Jonathan ? »
« Euh, nan, désolé. »
« Ah, pardon. » Sourire gêné, on voit à peine ses dents.
Il se retourne et me laisse là, le cul sur le cadre de mon vélo blanc.
J’aurais pu prétendre être Jonathan, après tout, comme moi ça fait un moment qu’il attend
mais je suis pressé maintenant…

Un gros FAF sur les marches du théâtre : Bombers, treillis et lacets blancs,
regard bovin, crâne rasé, à blanc.
J’aurais pu être barraq ou avec cinq skins et lui refaire la tronche à ce gros sac,
lui péter les dents,
apaiser sa frustration parce qu’en face des marches il y a deux kebabs
et des blacks qui attendent, patiemment devant.
De toute façon je suis pressé, maintenant.

_________________

Sous la douche, je laisse l’eau couler sur ma peau sèche, tatouée.
Dans une ou deux minutes, il n’y aura plus d’eau chaude,
le ballon sera vidé
mais là, sous l’eau, dans ma tête, des images par milliers…
Je regarde l’horloge sur le mur carrelé,
je me ris d’elle, dans cinq minutes je dois me barrer,
avant d’être en retard, de me faire engueuler
mais l’eau continue de couler.

Tuesday, February 21, 2012

Recueil terminé. Editeur trouvé. Des news bientôt.

Sunday, February 12, 2012

______Les vieilles dans le bus elles aiment bien regarder les enfants qui dorment dans une poussette, elles penchent la tête et esquissent un sourire tendre, un sourire de mamie. Mais les vieilles elles froncent les sourcils et mettent leurs sacs sur leurs genoux quand deux femmes voilées s’asseyent à côté d’elles, elles esquissent un sourire pincé, poli et la gêne s’installe doucement. Le bus repart. Les quatre prennent soin de ne pas trop avoir de contact physique et c’est vrai que c’est chiant, dans le bus, de toucher la cuisse ou le genou de quelqu’un mais parfois, pas le choix. En tout cas de mon point de vue elles sont très photogéniques et il y a une symétrie parfaite par rapport au centre des sièges réservés. Cet axe est frôlé d’un côté par les manteaux Damar et de l’autre par les épaules dodues qui sursautent dans un rire en kabyle.
______Les deux paires de jumelles sexagénaires descendent, je m’assieds… on s’assied. Je sors un livre qui parle de Devo. Je sais que je bouge les lèvres et que je murmure quand je lis. Là, je m’en rends compte au bout d’un petit moment, c’est peut-être pour ça que le mec en face de moi sourit. Je n’ai pas levé la tête depuis quelques rues comme un hassidique laïque penché sur son livre mais j’entends le gosse à côté de moi demander à sa mère comment marchent les tickets de bus, elle lui explique que c’est comme une perforeuse, comme celle de « la maitresse » mais il demande comment ça se fait qu’ils sont carrés… Plus il pose de questions et moins sa mère répond, rien qu’au son de sa voix elle a l’air épuisée. Au moins elle lui répond au lieu de lui donner un je ne sais pas d’adulte fatigué, ça m’attriste quand j’entends des parents faire ça mais peut-être qu’après tout c’est compréhensible. J’en sais rien, j’ai pas d’enfants, je n’ai jamais eu à faire de baby-sitting, je n’aime pas la plupart des enfants que je croise et ceux que je dois encadrer ont perdu toute curiosité enfantine au profit de la gêne adolescente, la plupart, ça les fait grave chier d’être là et quand tu poses une question au prof t’es un intello, t’sais ! C’est la survie du plus débile.
______Celui-là, comment est-ce qu’il peut avoir autant d’énergie après une journée d’école ? Ça me fait penser à ce que m’avait dit Laurent (Laulau) un collègue : « Tu sais eux, ils se couchent à neuf heures et d’mi, ils ont la pêche toute la journée !» Je me rappelle de mon père quand il ne voulait pas jouer avec moi et qu’il restait assis dans le canap’ à lire l’Equipe.
______Les portes s’ouvrent, la mère et son gosse vont être en retard quelque part.