Wednesday, September 25, 2013

ÉTOILES ET MISES EN GARDE



_______Le ciel et les cimes des arbres se laissent observer depuis le patio, comme un film.
Un film lent sans scénario ni protagonistes à part les avions qui passent et qui laissent une trainée rose derrière eux.
La nuit noircit peu à peu le bleu
la nuit se mélange à l’or en bas de l’écran tendu par les mains de l’univers ;
derniers soupirs de l’astre, couleurs du désastre, de la catastrophe quotidienne.

                Tous les chiens du quartier jappent et se répondent, dérange le silence de cet instant paisible
et me cassent les couilles tandis que je noircis les pages de mon Moleskin.
Les boys boivent des daiquiris dans la chambre d’Ariel,
soit-disant le cocktail préféré d’Hemingway
sous le regard des dizaines de bouteilles alignées contre le mur.
Aujourd’hui, les boys en ont eu pour 400 dollars. 400 boules de booze comme ils disent.

                Un oiseau inconnu se pose sur la ligne électrique en face de moi,
plumes d’encre sur fond d’azur.
Il repart aussitôt, verbalise SOLITUDE de son bec pointu.
En même temps que lui et sur la même trajectoire, exacte, que les avions en provenance d’Asie,
un autre point lumineux gravit le ciel. Un boeing avec à son bord tout un tas d’inconnus
qui deviendront touristes une fois sur le tarmac ; ou qui seront heureux de retrouver le bercail ou un Sion promis comme celui que je cherche.
Je distingue les différentes lumières sous le ventre vide de kerozène de l’appareil mais l’engin disparait sous le toit en taule du patio en signalant SOLITUDE, lui aussi. Pas besoin d’épeler en nuages, j’ai l’habitude.

                La tête dans un coussin, au bord de la piscine, pas de quoi me plaindre, mon regard perd à nouveau un Boeing. Puis un autre arrive et, bizarrement, je suis soulagé, comme quand on voit enfin les lumières de la ville qu’on vise, avant d’atterrir, dans la nuit, le cul talé dans un siège d’avion et les genoux qui envient la business class. Soulagé, je l’observe autant que mon regard peut : son ventre métallique se révèle chaque fois qu’il clignote, et je le perds. Voici un satellite, trajectoire perpendiculaire sur la carte percée de l’univers…
Je m’assoupi et des salopes imbues d’elles-mêmes dansent dans un rêve court ; me laissent les approcher, les caresser, elles me laissent rêveur, bavant, une demi-molle sans émotion ; et leurs cartes de visite. Puis, rien. Néant.

_______Les sirènes des policiers –To protect and serve– déchirent la nuit et me réveillent.
Ça y est, elle est tombée la nuit. Y’a de l’encre partout, surtout sur mon Moleskin. Les sirènes m’ont réveillé en parcourant les boulevards alors j’écris des mots, des monstres hybrides d’une main ivre.

                Ça y est, elle est tombée, la nuit et la lune cyclopéenne me regarde de son œil unique, révulsé et me dit :
_______« T’as vraiment cru qu’on pouvait voir les étoiles à LA, pauvre con ?
_______Dans le ciment du Boulevard peut-être, sinon non. »




...work in progress, comme on dit.